L'Oreille bigleuse : la MAO à tâtons !

Un petit mot sur les STAN (stations de travail audio-numérique), ou DAW (Digital Audio Workstation)

Trop de choix tue le choix

S’il y a bien un domaine où le choix est éminemment personnel, c’est celui-là. Chaque STAN a son propre workflow. Certaines, comme FL Studio ou Ableton Live, sont très orientées création rapide et manipulation de boucles ; d’autres sont plus adaptées au mixage et à la production, comme Pro Tools, Luna, Harrison ou Ardour. D’autres encore, comme Cubase, offrent des fonctions MIDI particulièrement poussées.
Il n’y a pas de STAN parfaite. On peut même être amené à en utiliser plusieurs, selon les étapes du travail. Pour ma part, j’utilise Logic pour la création, et Luna pour certains mixages, notamment quand je recherche une certaine "coloration" — non pas celle du moteur audio, mais bien celle induite par le workflow et les plugins qui y sont intégrés.
Les prix varient fortement, de 0 € à plus de 1000 €, sans que cela reflète toujours la qualité. Luna, par exemple, est gratuit sans ses plugins, et il existe des versions allégées de Cubase pour moins de 100 €.
J’ai moi-même passé beaucoup de temps (et d’argent) à les tester : Cakewalk (Sonar), Cubase, Studio One, Reaper, Ardour, Logic, Luna, Harrison Mixbus, Live, FL Studio… J’ai longtemps utilisé Cubase et Logic, avant de recentrer ma pratique sur Logic et Luna, car ce sont ceux qui me conviennent le mieux aujourd’hui.
Mon fils, lui, ne jure que par FL Studio — pour les mêmes raisons : c’est celui qui correspond à sa façon de faire.
Je ne vous conseillerais pas de toutes les tester : mieux vaut échanger avec d’autres musiciens, car certaines STAN sont particulièrement populaires dans certains milieux. FL Studio est la favorite des beatmakers ; Pro Tools reste une référence dans les studios professionnels (même si sa popularité décline). À noter : si vous utilisez beaucoup de modules MIDI avec des banques de presets complexes, Cubase reste aujourd’hui la STAN la plus à l’aise avec ce type de configuration.
Vous pouvez aussi envisager l’achat de logiciels professionnels plus anciens, sur des machines elles aussi anciennes : un vieux Pro Tools avec ses interfaces propriétaires peut très bien vous convenir. Mais attention, comme déjà évoqué plus haut, aux limites matérielles et à la difficulté de maintenance, notamment pour trouver des pièces détachées.

Un point essentiel à vérifier, quelle que soit la STAN choisie : la gestion du sidechain.

C’est une fonction devenue indispensable pour un mixage moderne, et toutes les STAN ne l’intègrent pas — surtout dans leurs versions allégées ou gratuites.

Conclusion

Mixer, ce n’est pas faire sonner fort, c’est faire sonner juste. C’est donner à chaque élément sa place, sa fonction, son espace. C’est un travail d’équilibre, de nuance, de choix — parfois radicaux — mais toujours au service de l’intelligibilité et de l’émotion.
C’est aussi un art de la retenue. Dans le doute, mieux vaut en faire un peu moins que trop. Une voix trop brillante, une basse trop envahissante, une réverbe trop présente… autant d’écueils qu’on ne perçoit parfois que tardivement, après de longues heures d’écoute — ou grâce à un avis extérieur.
Enfin, le mix n’est pas une fin en soi. Il s’inscrit dans une chaîne, dont l’étape suivante est le mastering. Inutile donc de chercher à sonner fort à tout prix : privilégiez toujours la clarté, la dynamique, la lisibilité. Préparez vos stems avec soin, en laissant une marge de manœuvre suffisante pour la suite. Le résultat final n’en sera que meilleur.
Et qui sait ? Le petit Gérard n’en sera que ravi — et peut-être même fier d’avoir contribué à une œuvre cohérente.


Très important
Mixer est à la portée de tous. C’est le postulat de base de cette section. Cela dit, ce n’est pas une discipline facile. Ce qui la rend accessible, c’est l’écart fondamental entre la posture du créateur et celle de son public : celui qui mixe est dans une écoute active, critique et intentionnelle, alors que le public est généralement dans une écoute passive ou distraite, notamment dans les contextes de diffusion courante (streaming, radio, environnement bruyant, etc.).
Cela ne minimise en rien la valeur du travail des mixeurs professionnels. Ceux-ci disposent d’une longue expérience, de centaines d’heures de pratique, et souvent d’une connaissance intime de leur matériel. Leur expertise est irremplaçable, et dans certains contextes — musiques complexes, mixage multicanal, mastering radio —, indispensable.
Mais pour les musiciens indépendants, les créateurs ou les passionnés, il est tout à fait possible d’obtenir des résultats crédibles, parfois même bluffants, avec un bon bagage technique, de l’entraînement, et une écoute critique.
C’est pourquoi une base solide de compréhension du son est essentielle :
Tout cela ne s’improvise pas. Si ces notions ne sont pas encore claires pour vous, je vous encourage vivement à vous documenter sérieusement : les bons mixeurs sont ceux qui comprennent ce qu’ils entendent — et pourquoi ils l’entendent ainsi.

Voir la section « Pour aller plus loin »