Le monitoring
Mieux vaut un mauvais matos qu'on connaît bien qu'un super matos qu’on ne maîtrise pas
Aujourd’hui, de nombreux influenceurs nous inondent de classements et de comparatifs de matériel. Le message implicite : si tu veux faire du son sérieusement, il faut casser ta tirelire.
Ce discours n’est pas neuf : il existait déjà dans les magazines spécialisés que je lisais il y a 30 ans. Heureusement, je n’avais pas les moyens de les suivre… et c’est peut-être ce qui m’a sauvé l’oreille.
Car j’ai compris une chose essentielle :
L'oreille sadapte.
Et surtout :la qualité de votre travail dépend plus de votre connaissance de votre matériel que de ses caractéristiques techniques brutes.
Ce discours n’est pas neuf : il existait déjà dans les magazines spécialisés que je lisais il y a 30 ans. Heureusement, je n’avais pas les moyens de les suivre… et c’est peut-être ce qui m’a sauvé l’oreille.
Car j’ai compris une chose essentielle :
L'oreille sadapte.
Et surtout :la qualité de votre travail dépend plus de votre connaissance de votre matériel que de ses caractéristiques techniques brutes.
Trois albums cultes, trois exemples parlants
Prenez ces chefs-d’œuvre :
Pourquoi ? Parce que ce n’est pas le matériel qui a fait la différence, mais la manière de l’utiliser.
À l’époque, rien n’était neutre : les micros coloraient, les consoles coloraient, les bandes magnétiques coloraient… et pourtant, ces limitations ont été transcendées grâce au savoir-faire, à la créativité, et surtout à la connaissance intime de chaque outil.
- Kind of Blue — Miles Davis
- Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band — The Beatles
- Harvest — Neil Young
Pourquoi ? Parce que ce n’est pas le matériel qui a fait la différence, mais la manière de l’utiliser.
À l’époque, rien n’était neutre : les micros coloraient, les consoles coloraient, les bandes magnétiques coloraient… et pourtant, ces limitations ont été transcendées grâce au savoir-faire, à la créativité, et surtout à la connaissance intime de chaque outil.
Mon expérience personnelle
Je me souviens avoir visité les studios de la radio nationale, et découvert des moniteurs de studio ultra haut de gamme. Je m’attendais à une claque sonore… mais c’était froid, cru, désagréable. Plus tard, influencé par les magazines, j’ai fini par investir dans des moniteurs pro. Résultat ? Même sensation : froid, plat, pas inspirant. Je ne les utilisais que pour mixer, et c’est précisément la période où mes mixages sonnaient le moins bien. Pourquoi ? Parce que je compensais sans m’en rendre compte ce que j’interprétais comme un manque de chaleur.
Aujourd’hui, ces enceintes sont chez mon fils, qui les trouve neutres… parce qu’il les connaît bien. Lui les maîtrise. Pas moi.
À l’inverse, un ami à moi mixait du rap sur des enceintes Hi-Fi tout à fait basiques. Ses mixs tenaient la route. Pourquoi ? Parce qu’il écoutait toute sa musique sur ces enceintes et savait parfaitement comment ça devait sonner.
Aujourd’hui, ces enceintes sont chez mon fils, qui les trouve neutres… parce qu’il les connaît bien. Lui les maîtrise. Pas moi.
À l’inverse, un ami à moi mixait du rap sur des enceintes Hi-Fi tout à fait basiques. Ses mixs tenaient la route. Pourquoi ? Parce qu’il écoutait toute sa musique sur ces enceintes et savait parfaitement comment ça devait sonner.
Alors faut-il fuir le bon matériel ?
Pas du tout.
Mais investir dans du matériel haut de gamme sans le comprendre ni l’adapter à son environnement d’écoute, c’est un gaspillage. Et c’est surtout source de confusion.
Il vaut mieux un système moyen bien maîtrisé qu’un système haut de gamme mal calibré. Car un bon rendu sonore, ce n’est pas qu’une affaire de matériel : c’est aussi une affaire de référence auditive et de contexte d’écoute stable.
En photographie, c’est pareil : on peut juger des dominantes de couleur même avec un éclairage imparfait, tant que l’éclairage est stable et sans trou spectral. L’oreille fonctionne pareil.
Mais investir dans du matériel haut de gamme sans le comprendre ni l’adapter à son environnement d’écoute, c’est un gaspillage. Et c’est surtout source de confusion.
Il vaut mieux un système moyen bien maîtrisé qu’un système haut de gamme mal calibré. Car un bon rendu sonore, ce n’est pas qu’une affaire de matériel : c’est aussi une affaire de référence auditive et de contexte d’écoute stable.
En photographie, c’est pareil : on peut juger des dominantes de couleur même avec un éclairage imparfait, tant que l’éclairage est stable et sans trou spectral. L’oreille fonctionne pareil.
Et les écouteurs dans tout ça ?
Heureusement, il existe une alternative abordable aux moniteurs coûteux : les casques et écouteurs, qui permettent d’échapper aux problèmes acoustiques d’une pièce non traitée. Pour moins de 200 €, on peut s’équiper sérieusement.
Mais attention :
Certains logiciels comme Waves NX recréent ces déphasages et même le mouvement de la tête pour simuler un environnement stéréo réaliste. Ça ne fait pas l’unanimité, mais personnellement, j’ai été bluffé : il m’est arrivé d’oublier que j’avais un casque, tant la scène sonore me semblait naturelle.
Mais attention :
- Les casques ne sont jamais parfaitement linéaires.
- La perception est différente de celle des haut-parleurs, notamment au niveau de la spatialisation.
- Même un casque mesuré plat nous semblera déséquilibré à l’écoute.
Le piège du casque : la spatialisation
Les casques envoient le son directement dans chaque oreille. On parle d’écoute biphonique, contrairement à l’écoute stéréophonique avec des haut-parleurs, où le son d’un côté est aussi entendu de l’autre oreille avec un léger décalage de phase. C’est ce décalage temporel, bien plus que la différence d’intensité, qui permet au cerveau de localiser un son dans l’espace.Certains logiciels comme Waves NX recréent ces déphasages et même le mouvement de la tête pour simuler un environnement stéréo réaliste. Ça ne fait pas l’unanimité, mais personnellement, j’ai été bluffé : il m’est arrivé d’oublier que j’avais un casque, tant la scène sonore me semblait naturelle.
En résumé
- Ce qui compte, ce n’est pas le prix du matériel, mais la connaissance qu’on en a.
- Il vaut mieux un mauvais système bien maîtrisé qu’un système pro mal exploité.
- Pour la spatialisation, méfiez-vous du casque brut : pensez calibration et simulation stéréo.
- L’idéal reste un bon système, bien connu, dans une pièce traitée. Mais on peut s’en rapprocher avec méthode, même avec peu de moyens.
Et si on allait plus loin ?
En photographie, il existe des outils de calibration colorimétrique adaptés aux personnes daltoniennes ou atteintes d'autres troubles de la perception visuelle. Pourquoi pas en audio ?
Imaginez un outil qui testerait votre audition, évaluerait votre perception des différentes fréquences, et calibrerait votre casque non seulement selon une norme, mais également selon votre profil auditif personnel. Cela permettrait aux personnes malentendantes, ou simplement à l'audition atypique, de travailler avec bien plus de précision.
Aujourd'hui, ce type d'approche reste marginal (quelques essais via des tests sur smartphone, ou des fonctions expérimentales intégrées à certains casques). Mais le besoin est là. Et dans un monde où la MAO devient de plus en plus accessible, il est temps de penser l'audio de manière plus inclusive.
Peut-être qu'un jour, nous calibrerons notre écoute non pas pour entendre comme un jeune adulte en salle traitée, mais pour entendre au mieux avec nos oreilles, ici et maintenant.
En photographie, il existe des outils de calibration colorimétrique adaptés aux personnes daltoniennes ou atteintes d'autres troubles de la perception visuelle. Pourquoi pas en audio ?
Imaginez un outil qui testerait votre audition, évaluerait votre perception des différentes fréquences, et calibrerait votre casque non seulement selon une norme, mais également selon votre profil auditif personnel. Cela permettrait aux personnes malentendantes, ou simplement à l'audition atypique, de travailler avec bien plus de précision.
Aujourd'hui, ce type d'approche reste marginal (quelques essais via des tests sur smartphone, ou des fonctions expérimentales intégrées à certains casques). Mais le besoin est là. Et dans un monde où la MAO devient de plus en plus accessible, il est temps de penser l'audio de manière plus inclusive.
Peut-être qu'un jour, nous calibrerons notre écoute non pas pour entendre comme un jeune adulte en salle traitée, mais pour entendre au mieux avec nos oreilles, ici et maintenant.